IDIR


IDIR, de son vrai nom Hamid Cheriet est né dans un village berbère de Haute Kabylie, Aït Lahcène en 1949. Ce fils de paysan élevé chez les Jésuites, entreprend des études de géologie et se destine à une carrière dans l'industrie pétrolière. En 73, il remplace une vedette au pied levé sur Radio Alger et interprète une berceuse. Il enregistre ce titre, intitulé "A Vava inouva", en 45 tours avant de partir faire son service militaire.
Cette chanson kabyle avec juste voix et guitare figure comme le premier grand tube venu directement du Maghreb, bien avant le succès d'un Khaled ou d'un Mami. Il représente l'affirmation d'une certaine identité, le retour à des racines ancrées très profondément dans l'histoire de l'Algérie. Il sera traduit dans 7 langues. Après son service, Idir est contacté par la maison de disques Pathé Marconi. Il faut attendre 1976 pour que sorte un premier album sur lequel on retrouve également "I vava inouva". Après un certain succès, Idir écrit à nouveau et enregistre "Ay Arrac Negh" (A nos enfants), un album qui sort en 79.
Parenthèse
Pour cet homme discret avec un look sérieux, il est difficile de se fondre dans le monde du show-biz et s'il aime composer, ce qu'il fait pour d'autres, les passages sur scène ne le satisfont que rarement. En conséquence, il s'éclipse environ une dizaine d'années tout en donnant quand même quelques récitals.
Sa carrière est relancée avec la sortie d'une compilation en 1991 de dix-sept chansons de ses deux premiers albums. Après un long procès contre son ancien producteur, Idir a eu la possibilité de réenregistrer ses titres comme le fameux "A vava inouva". Fort de cet appui discographique, il revient donc sur le devant de la scène et passe au New Morning à Paris du 7 au 9 février 1992. Il reste le représentant de la communauté kabyle à qui on reconnaît maintenant un statut de précurseur de la world music.
L'année suivante, paraît chez Blue Silver un nouvel album "Les Chasseurs de lumières" où il chante ses thèmes de prédilection, l'amour, le liberté et l'exil (qu'il connaît puisqu'il est installé dans la région parisienne depuis 1975). Il introduit à côté des derbouka, flûte et guitare acoustique, les synthés qui donnent une touche de modernité. On peut entendre aussi la voix d'Alan Stivell sur le duo "Isaltiyen". Idir donne ses chansons à écouter au public de l'Olympia à Paris les 26,27 et 28 juin 93.
Homme de conviction, Idir participe souvent à des concerts pour soutenir différentes causes. Le 22 juin 95, plus de 6000 personnes viennent applaudir le chanteur et son ami Khaled, initiateurs de l'association "l'Algérie la vie" qui les ont conviés à un concert pour la paix, la liberté et la tolérance. C'est un triomphe pour les deux artistes qui réunissent à cette occasion les communautés kabyles et arabophones. Idir participe aussi au concert hommage rendu à Matoub Lounes, chanteur kabyle assassiné en 98.
1999 : "Identités"
Le retour discographique d'Idir se fait avec "Identités" en 1999, album hommage qui réunit de nombreux artistes de Manu Chao à Dan Ar Braz en passant par Maxime Le Forestier ou l'Ecossaise Karen Matheson pour un "A vava inouva 2", mais aussi Gnawa Diffusion, Zebda, Gilles Servat, Geoffrey Oryema et l'ONB. Idir rassemble ici ceux qui prônent l'ouverture culturelle ainsi que la reconnaissance des racines propres à chacun. En décembre, Idir a tout autant d'invités lors des deux soirées qu'il donne à l'Olympia. Autour de lui se succèdent Frédéric Galliano, le guitariste Thierry Robin et l'ONB.
L'identité, il la défend à nouveau en 2001 au cours du 21ème Printemps berbère organisé au Zénith parisien, manifestation qui célèbre la culture berbère. Cette soirée de fête est renouvelée plus tôt que prévu, le 8 juillet 2001, toujours sous la houlette de Idir, lorsque de violentes émeutes ravagent la Kabylie. Le chanteur organise à cette occasion un grand concert toujours au Zénith de Paris où devant une salle pleine, de nombreux artistes soutiennent la révolte du peuple kabyle face au pouvoir central algérien.
En mai 2002, la maison de disques met sur le marché une compilation de nombreux titres de l'artiste, "Deux rives, un rêve". Elle offre la possibilité d'écouter des inédits dont un titre écrit par Jean-Jacques Goldman "Pourquoi cette pluie" qui évoque le terrible déluge qui s'est abattu sur la ville d'Alger en novembre 2001.
Idir débute une nouvelle tournée le 20 septembre au Zénith de Paris avant de partir sur les routes jusqu'en décembre.
En 2005,  encouragé par sa maison de disques Idir sort un CD live et un double DVD, "Entre scènes et terres", qui concorde avec ses trente ans de carrière. Une façon originale de présenter cet homme discret aux valeurs fortes. Un documentaire déroule son parcours, de la Kabylie aux scènes du monde entier. L'occasion pour lui de "faire un bilan avant de passer à autre chose".
Il se produit le 9 avril 2006 sur la scène de la Cité de la Musique à Paris. Un concert donné dans le cadre d'un cycle "Chanteurs kabyles" où figurent aussi Akli D. ou Takfarinas.
2007 : "La France des couleurs"
En 2007, en pleine campagne présidentielle française, Idir signe un album "La France des couleurs". L'album rend compte à sa manière, de la diversité de l'identité de tous les Français. Quelques invités viennent apporter leur contribution comme Akhénaton, Grand Corps malade, Disiz la Peste, Zaho, Tiken Jah Fakoly et beaucoup d'autres.
Pendant l'été, Idir fait en solo, une tournée hexagonale.
Idir sort un album intitulé simplement "Idir" en 2013. C’est un parcours initiatique qu’il propose à ses admirateurs avec des titres qui l’ont marqué, des chants de son enfance, ou des versions kabyles d’airs qui l’ont accompagné, comme "L’hymne à la joie" de Beethoven, ou encore "Behind Blue Eyes" du groupe anglais The Who qu’il interprète sur scène, mais retire du disque pour des raisons de droit. Il présente cet album à l’Olympia en février 2013. Multi-instrumentiste, Idir joue de la guitare, de l’accordéon, du bendir, de la flûte ou du tbel et s’attache plus que jamais à créer des ponts entre la culture kabyle et les musiques actuelles. En 2015, il est également présent sur la scène de l’Alhambra à Paris.
2017 : "Ici et ailleurs"
Dans son nouvel album "Ici et ailleurs", Idir multiplie les duos avec des chanteurs français, naviguant encore et toujours autour de cette notion d’identité qui lui est chère, mais peut-être de manière plus apaisée. Francis Cabrel, Patrick Bruel, Charles Aznavour, Bernard Lavilliers se prêtent au jeu du partage, du mélange des langues, française et kabyle, et finalement de la compréhension mutuelle. Idir se produit au Grand Rex, le 8 mai et explique dans la presse que cet album sera peut-être son dernier. On le retrouve une nouvelle fois au Grand Rex le 8 novembre.  
Après une absence de plusieurs décennies, sa dernière prestation datant de 1979, Idir revient chanter dans son pays natal et se produit à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf à Alger, les 4 et 5 janvier 2018. Il est accompagné de sa fille Tanina ainsi que d'un orchestre d'une trentaine de musiciens et d'une chorale.  
Idir continue à donner des concerts en France régulièrement. On le retrouve notamment le 12 janvier 2019 à l’AccorHotels Arena à Paris pour un concert exceptionnel "1,2,3 Kabylie" avec les chanteurs Aït Menguellet et Mohamed Allaoua.
Hospitalisé le 1er mai 2020 à Paris à cause d'une maladie pulmonaire dont il souffre depuis plusieurs mois, le chantre de la musique kabyle s'éteint le lendemain soir. 



A VAVA INOUVA (idir à la coupole d'Alger 2018

idir concert Inédit EL DJAZAIRIA