Emission du 24 octobre 2017  

 Emission du 24 octobre 2017 

Ne l'oublions pasMIRIAM MAKEBA

Découverte du dernier album de BONGA nommé Recados De Fora.
Découverte sur le groupe sénégalais: Takeifa


MIRIAM MAKEBA

Miriam Makeba, celle que l’on surnommé affectueusement Mama Africa est-elle encore à présenter ? Celle qui a envouté les coeurs avec sa voix particulière a marqué des générations à travers le monde. Plus que chanteuse, Miriam Makeba fut aussi une figure du militantisme, notamment contre le régime d’apartheid.

Miriam Makeba, à ce jour l’artiste africaine la plus connue à l’échelle planétaire, est l’auteur du célèbrissime Pata Pata. Elle sera la première femme noire à obtenir un Grammy Award pour son titre An evening with Harry Belafonte and Miriam Makeba en collaboration avec Harry Belafonte au début des années 60.

Née le 4 mars 1932 à Johannesburg (Afrique du sud) et décédée le 9 novembre 2008 à Castel Volturno (Italie), Makeba est plus qu’une chanteuse d’ethno-jazz. Militante politique sud-africaine – naturalisée guinéenne dans les années 1960, algérienne en 1972, puis citoyenne d’honneur française en 1990 – elle s’est farouchement investit dans la lutte contre l’apartheid dans son pays, une figure de proue dans ce combat.


Miriam Makeba n’a que quelques jours quand sa mère Swazi est emprisonnée pour six mois. Le motif ? Avoir fabriqué de la bière maison afin de subvenir aux besoins de sa famille. Son père Xhosa meurt lorsque la fillette a à peine cinq ans. En 1948, les nationalistes afrikaners gagnent les élections. C’est le début de l’apartheïd.
À l’âge de 20 ans, Makeba, bonne d’enfants puis laveuse de taxis, vit seule avec sa fille Bongi qu’elle a eu à 17 ans, et sa mère. Elle est alors une femme divorcée d’un mari qui l’a quittée… C’est un peu par la force des choses qu’elle commence à chanter avec les Cuban Brothers, des pros du divertissement. Par la suite, elle devient choriste des très populaires Manhattan Brothers, un jazz band sud-africain en 1952. C’est d’eux que viendra son nom de scène « Miriam ». Elle les accompagnera en tournée à travers les Etats-Unis en 1959.
Si elle devient très rapidement une vedette, elle se sert de cette nouvelle carrière et de sa notoriété naissante pour dénoncer le régime de l’apartheid.
En 1956, Makeba écrit son plus grand succès, la chanson Pata Pata, avec laquelle elle fait le tour du monde. Tube qui sera d’ailleurs repris en français par Sylvie Vartan sous le titre Tape Tape en 1980 ou encore Coumba Gawlo en 2011.



Exilée durant plus de trois décennies…
En 1959, Miriam Makeba est contrainte à un exil qui durera 31 ans en raison de son apparition dans le film anti-apartheid Come Back, Africa de Lionel Rogosinun, cinéaste américain indépendant connu pour avoir travaillé hors du système hollywoodien dans les années 1950. Elle épouse Sonny Pillay la même année. Lorsque sa mère meurt en 1960, elle ne peut assister à ses obsèques, du fait de son interdiction de séjour en Afrique du Sud. C’est avec un passeport français qu’elle reviendra sur sa terre natale à la libération de Nelson Mandela, emprisonné avec la plupart des dirigeants de l’ANC (Congrès National Africain) au pénitencier de Robben Island.
En 1965, elle épouse son ami de longue date, le musicien sud-africain Hugh Masekela de qui elle divorce en 1966.

Miriam Makeba : celle qui a fait retentir sa voix au-delà de l'Afrique
Une des affiches du film Come Back, Africa de Lionel Rogosin

Miriam Makeba : le chant en signe de protestation
Makeba ne cessera de prononcer des discours anti-apartheid et d’appeler au boycotte du régime sud-africain en vigeur devant les Nations Unies. Elle chante en zoulou, en xhosa, en tswana, en swahili et même en arabe pendant les Jeux Africains de 1978 à Alger (Algérie). Ses mélodies envoûtantes et touchantes prônent la tolérance et la paix. Elle vit partout, libre et traquée à la fois, aux États-Unis, en Guinée, en Europe. Elle est devenue le symbole de la lutte anti-apartheïd. Dans ses chansons, pas d’amertume, mais une dignité à toute épreuve.
Son mariage en 1969 avec le militant pour les droits civiques des afros américains Stokely Carmichael, co-fondateur et cerveau des Black Panthers, lui cause des ennuis aux États-Unis. Elle s’exile à nouveau et s’installe en Guinée. Elle se sépare de Carmichael en 1978 et en 1980, dans ce pays où la polygamie est légale, devient la deuxième épouse de Bageot Bah, un Guinéen influent, directeur à la Sabena (une compagnie aérienne belge basée à Conakry).
Après la mort du président guinéen Ahmed Sékou Touré et le coup d’état de Lansana Conté en 1984, et la mort de sa fille Bongi, en 1985, des suites d’une fausse couche, Miriam Makeba part pour Woluwe-Saint-Lambert, dans la banlieue bruxelloise.

Miriam Makeba : celle qui a fait retentir sa voix au-delà de l'Afrique
Retour au pays…

En 1987 Miriam Makeba rencontre à nouveau le succès grâce à sa collaboration avec Paul Simon sur l’album Graceland. Peu après, elle publie son autobiographie Makeba : My Story.
Miriam Makeba est décorée par la France au titre de Commandeur des Arts et Lettres en 1985 et devient Citoyenne d’Honneur 1990.
En 1990, Nelson Mandela la persuade de rentrer en Afrique du Sud.
En 1992, elle interprète le rôle de la mère, Angelina, dans le film Sarafina ! qui raconte les émeutes de Soweto en 1976. En 2002, elle partage le Polar Music Prize avec Sofia Gubaidulina.
Makeba a toujours rêvé d’une grande Afrique unie. Pour son pays, elle exhortait ses frères noirs au pardon.

Miriam Makeba : celle qui a fait retentir sa voix au-delà de l'Afrique
R.I.P. MM

« Il faut nous laisser grandir. Les Noirs et les Blancs doivent apprendre à se connaître, à vivre ensemble ».
Le 16 octobre 1999, elle a été nommée Ambassadrice de bonne volonté de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Elle avait annoncé en 2005 qu’elle mettait fin à sa carrière, mais elle continuait de défendre les causes auxquelles elle croyait. C’est ainsi qu’un dimanche 9 novembre 2008, Mama Africa rend son dernier souffle à l’âge de 76 ans, à Castel Volturno (Province de Caserte en Italie), alors qu’ elle devait se produire sur scène en soutien à l’auteur de Gomorra, Roberto Saviano, traqué par la Camorra, un puissant réseau mafieux italien. La chanteuse devait succéder à d’autres artistes et attendait le rappel du public, lorsqu’elle a été découverte gisant sur le sol, évanouie. Transportée à l’hôpital, elle est décédée à la clinique Pineta Grande de Castel Volturno, des suites d’une crise cardiaque.

BONGA

Avec son nouvel album Recados de Fora (Messages d'ailleurs) Bonga, qui a fêté ses 74 ans le 5 septembre 2016, raconte un parcours fascinant à travers plusieurs époques et plusieurs continents, et toujours avec l'océan Atlantique en fil d'Ariane.

Figure de proue de la musique angolaise, Bonga tutoie les étoiles et a donné tout son sens à la notion, aussi plurielle soit-elle, d’africanité. De Luanda à Rotterdam, de Paris à Lisbonne et partout ailleurs, Bonga appartient à une caste de chanteurs africains ayant sublimé leurs racines. Bonga est immédiatement identifiable, grâce à une voix râpeuse et puissante.

Né José Adelino Barcelo de Carvalho le 5 septembre 1942, à Kipiri, il change son nom en Bonga Kuenda à l’adolescence, reflet d’une prise de conscience aigue à l’égard de la colonisation portugaise. Il apprend la musique auprès de son père, et comprend très vite la portée qu’elle peut avoir, reliée aux aspirations politiques de sa génération et à une veine mélancolique inépuisable.



Ses talents d’athlète lui valent d’aller au Portugal au milieu des années 1960, où il devient champion national du 400m sous son nom de naissance, alors qu’il s’engage en parallèle dans le Mouvement Populaire pour la Libération de l’Angola ! Lorsque le régime salazariste s’aperçoit de sa duplicité, il a juste le temps de s’exiler à Rotterdam, aux Pays-Bas.

En 1972, il y enregistre un premier album intitulé « Angola 72 ».Ce disque devient rapidement une sorte de bande-son de la lutte d’indépendance angolaise.
Ses semelles de vent le poussent ensuite à Paris, où il enregistre un deuxième album tout aussi important que le premier, « Angola 74 », où l’on retrouve notamment une version magnifique de « Sodade », que popularisera Cesaria Evora près de vingt ans plus tard. Salazar déchu et l’Angola devenu indépendant, Bonga retourne ensuite vivre entre Lisbonne et Luanda, où il remporte de nombreux succès.

Il faut attendre l’année 2000 pour que Bonga signe sur Lusafrica, publiant dans la foulée l’irrésistible « Mulemba Xangola », chanté en duo avec Lura. Tout aussi cosmopolites, dansants et porteurs d’une revendication identitaire forte, les albums « Kaxexe » en 2003, « Maiorais » en 2005 et « Bairro » en 2008 parachèvent la légende d’un chanteur en mouvement permanent.


L’année 2009 voit la parution de l’album « Best of Bonga », rassemblant ses classiques et aussi des titres rares.
Déjouant les frontières géographiques et musicales, avec un chant et des compositions qui parlent au plus grand nombre, Bonga est le chantre d’une africanité sublimée, la voix d’un Angola moderne et apaisé.
Puis en 2012, c’est le tour de « Hora Kota » (l’heure des sages). Bonga publie son trentième album (le cinquième disque en studio chez Lusafrica), avec onze nouvelles chansons impeccables pour dresser l’état du pays, cet Angola qui l’a vu naître, qu’il a retrouvé après en avoir été longtemps éloigné.
La jeune génération africaine se réclame de lui, comme Gaël Faye ou Lexxus Legal. Au Portugal, Ana Moura le demande pour un hommage à Amália Rodrigues.
Avec son nouvel album « Recados de Fora » (Messages d’ailleurs) sorti cette année, Bonga, qui vient de fêter ses 74, raconte un parcours fascinant à travers plusieurs époques et plusieurs continents, et toujours avec l’océan Atlantique en fil d’Ariane. Le chanteur, auteur et compositeur, revient pêle-mêle sur sa jeunesse, sa prise de conscience aigüe à l’égard de la colonisation portugaise, son initiation à la musique par son père pêcheur et accordéoniste, son amour pour le semba symbole de l’identité nationale angolaise, et dont le kizomba, cette musique prisée par les jeunes générations n’est qu’une version modernisée. Bonga est l’un des derniers géants de la musique africaine post-coloniale.

TAKEIFA

Takeifa est une fratrie de quatre frères et une soeur qui sont revenue cette année avec l'album " Gass Giss ", qui veut dire en wolof " Qui cherche trouve ". Un album de dix titres qui est un condensé de styles Afro Rock.

Le groupe Takeifa a été créé en 1992 à Kaolack, au Sénégal. Takeifa est un jeu de mot, et signifie "famille Keïta" en verlan.
Takeifa , c’est Jac Keïta, leader, chanteur et compositeur du groupe, avec ses frères Ibrahima Keïta (batterie, chœurs), Cheikh Keïta (guitare électrique et artiste peintre), Fallou Keïta (rappeur, percussions, chœurs) et sa sœur Mamma Keïta (basse, voix, chœurs et Présidente de la Fondation Care Albinos). Le groupe Takeita, développe de l’afro-folk, de l’afro-fusion aux parfums pop, rap, rock…
Parcours
En 2006, le groupe Takeita a partagé des plateaux avec des artistes de renoms tels que Femi Kuti, Youssou Ndour, Salif Keïta, Daara-J Family, Public Enemy, Alpha Blondy, Cheikh Lô, Tiken Jah Fakoly, et bien d’autres…

En 2008, Takeifa sort un premier album, "Diaspora", suivi de "Get Free" en 2012, deux opus produits par leur propre structure Takeifa Music. Les titres "Get free" ou "Yewoul" en wolof ou "Réveille-toi" est "un appel à la mobilisation face aux défis de l’humanité", selon le groupe.
De 2009 à cette année, le groupe Takeifa tourne dans plusieurs villes du Sénégal, d’Espagne, de France, de Belgique, d’Allemagne, d’Autriche, et de Suisse…
Cet été est sorti l’album "Gass Giss" qui veut dire "Qui cherche trouve" en wolof. Réalisé avec leur compatriote et icône de la musique peule, Baaba Maal, l’album "Gass Giss" est, pour Takeifa, "une vision optimiste de l’Afrique, un vibrant plaidoyer pour la promotion d’une image plus reluisante du continent, berceau de l’humanité".
L’album "Gass Giss" est chez Moctar Sall / Keyzit.